L’explosion de la bulle Internet et de toutes les technologies afférentes a conduit à l’émergence d’une nouvelle activité dans le domaine de la traduction : la localisation qui consiste en une adaptation technique, linguistique et culturelle d’un logiciel. Outre les activités linguistiques, on retrouve également l’ingénierie (effectué par les développeurs du logiciel), la réalisation de tests, le débogage, la PAO et la stratégie commerciale.

L’essor de cette profession est également l’une des conséquences de la loi Toubon promulguée en 1994 : celle-ci impose la traduction de toute documentation vers le français.

On traduit généralement des supports logiciels (menus, commandes, fenêtres d’application, aide en ligne, documentation) et matériels (hardware, périphériques), mais également des jeux vidéo et des modules de formation en ligne, et plus précisément :

  • logiciel : interface, menus, commandes, fenêtres d’application
  • aide en ligne (matérialisée par un « ? ») : cette partie interactive contient la description des fonctions du logiciel et explique les procédures à suivre pour réaliser certaines actions. L’utilisateur y trouve également des conseils d’utilisation et de dépannage.
  • documentation (tout autre document papier ou présentés sous un autre support) : guide d’installation, d’impression, guide de l’utilisateur, de l’administrateur….

Avant de procéder à la localisation d’un logiciel, il est important d’évaluer les contraintes techniques et culturelles susceptibles de poser problème.

En effet, les chaînes logicielles ne doivent pas dépasser de l’espace dans lequel elles seront insérées. Par ailleurs, si le logiciel doit être traduit vers des langues asiatiques, il faut que le système soit à même de prendre en charge les sets de caractères à double octet. Cette prescription s’applique également aux langues bidirectionnelles telles que l’arabe. Notons également que toutes les langues ne possèdent pas le même format de date, d’heure, les mêmes systèmes monétaires. L’expression des chiffres doit parfois faire elle-aussi l’objet de modifications. Toutes ces indications doivent être discutées en amont du projet de localisation.

Quant à la traduction d’applications pour téléphones portables, il est important de prendre en considération la taille réduite de l’écran sur lequel sera affiché le programme. Sachant qu’une traduction effectuée de l’anglais vers l’allemand implique un taux de foisonnement de l’ordre de 50 %, il est donc nécessaire d’ajuster le texte en fonction de la dimension de l’écran.

En ce qui concerne les aspects culturels à prendre en considération, la présence de certaines images ou symboles risque de prêter à confusion.

En effet, si l’on prend l’exemple des couleurs, alors que dans la plupart des pays européens, la couleur rouge revêt une connotation positive (on la retrouve dans le graphisme de nombreuses marques alimentaires car elle est censée susciter l’énergie, le dynamisme et donc l’appétit), en Afrique du Sud, cette couleur symbolise le deuil… Attention donc à ne pas transmettre le mauvais message ! En parlant de symboles, il vivement déconseillé de représenter la main gauche sur des supports publicitaires destinés aux pays musulmans, car pour ces derniers, il s’agit de la main que l’on utilise pour aller aux toilettes.

Mais cette attention à la symbolique doit également être portée au sein d’un même pays. Rappelons qu’en France, le vert est préconisé pour le matériel marketing d’entreprises ou d’organisations opérant dans le secteur de la nature, de l’environnement. En revanche, dans le domaine des arts, cette couleur est à proscrire en ce que Molière serait mort vêtu de vert.

Les traducteurs de logiciels ou localisateurs travaillent en étroite collaboration avec le personnel technique ayant mis au point le logiciel afin d’être conscient de toutes ces contraintes et fournir une bonne traduction.

Pour ce type de travail, il est recommandé de fournir une version Bêta du logiciel au traducteur afin qu’il se rende bien compte des fonctionnalités de ce dernier. En effet, les traducteurs reçoivent généralement des listes de termes, de chaînes logicielles qu’ils doivent traduire sans contexte, car sortis de leur « environnement de travail ». Si la phase de développement du logiciel n’est pas encore achevée, nous conseillons au client de fournir des captures d’écran des fonctionnalités pour éviter d’aboutir à des traductions littérales qui seraient incomprises des utilisateurs.

Autre aspect fondamental : le public visé. Il est essentiel de savoir à quel type de personnes s’adresse le logiciel ; s’agit-il d’une application pour la course à pied, le cyclisme permettant au sportif de mesurer ses performances ? S’agit-il d’un jeu pour enfants, pour des filles ou des garçons ? En effet, le ton à donner ne sera pas le même car tout le monde n’entretient pas le même rapport avec la technologie : pour un produit qui s’adresse à des personnes âgées, il faudra s’attacher à être extrêmement précis, voire à fournir des explications supplémentaires. Il faut réellement se « glisser dans la peau » de ce public afin d’être certain de fournir une traduction qui sera comprise.

Enfin, nous souhaitions parler d’un autre type de supports que les localisateurs sont amenés à traduire : les plates-formes de formation en ligne ou d’e-learning qui rencontrent un franc succès.

Les modules de formation en ligne consistent à fournir des sessions d’apprentissages grâce à des moyens électroniques. Ce type de supports a donné lieu également à l’émergence des « jeux sérieux », « de véritables outils de formation, communication, simulation, [le jeu sérieux est] en quelque sorte  une déclinaison utile du jeu vidéo au service des professionnels », d’après la définition donnée par le Centre de ressources et d’informations sur le multimédia pour l’enseignement supérieur.

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