« Lost in Translation » est un film américain sorti en 2004 et dont le personnage principal est interprété par le grand Bill Murray. Il y joue le rôle d’un acteur américain qui se rend à Tokyo pour effectuer une série de tournages publicitaires. On le voit subir, de manière stoïque, le choc des cultures, son expression solennelle, burinée, méfiante du monde, nous rappelle à chacun de ses mouvements qu’il est étranger sur une terre étrangère ; mais l’aspect que l’on retient davantage est la résignation continue de ces gestes, la nonchalance, voire parfois l’air dépité avec lequel il participe aux quelque conversations avec les autres invités de l’hôtel qui semblent le reconnaître.

On ressent le désespoir tranquille d’un personnage qui arrive à un tournant de sa vie, illustré et amplifié par le caractère absurde de la culture populaire de Tokyo où la communication ne peut intervenir que de manière approximative, ce qui la rend en fin de compte inutile et dépourvue d’intérêt. Ce malaise existentiel transmet une réalité dans laquelle la signification de ce qui est dit et fait n’est jamais clairement saisie et où la quasi-totalité des choses sont « perdues dans la traduction » (Lost in Translation).

Malgré cela, le personnage renferme en lui un désir tacite de comprendre et d’être compris. Un désir resté sans réponse pendant bien trop longtemps, mais depuis moins de temps que l’expression utilisée dans le titre du film. Ces trois mots ont un pouvoir d’attraction indéniable : plus de 13 000 000 sur Google. À mon avis, on peut parler de record.

Pour faire plus simple, c’est quelque chose qui est inscrit dans l’esprit de nombreuses personnes, un cliché, définissant une barrière culturelle injuste et engendrée par un état d’esprit restrictif en ce qui concerne les opportunités qu’est capable d’offrir la traduction. L’époque dans laquelle nous vivons exige une large diversification des jargons professionnels indiquant des opérations qui ne laissent aucune place aux erreurs. La traduction technique de textes rédigés par l’industrie manufacturière doivent relever d’une exactitude parfaite afin d’éviter tout risque lié à la manipulation d’appareils complexes.

Cependant, même lorsque les textes deviennent moins techniques et plus littéraires, comme dans le cas d’un poème par exemple, le processus d’interprétation conduisant le traducteur à opter pour une solution plutôt qu’une autre doit faire preuve d’une exactitude implacable. Il est souvent déconseillé d’ « avoir les yeux plus gros que le ventre », mais aucune raison valable sur le plan rationnel et scientifique n’empêche les linguistes de se soucier des dynamiques affichées par des textes à rimes ou des textes qui semblent défier la structure linguistique pour éveiller les sentiments les plus subtils.

C’est justement dans le néant entre les braillements du jour exprimés dans nos échanges quotidiens et les murmures de la nuit de nos passions exprimées à demi-mot que nous pouvons trouver le lien qui unit ces deux éléments. Observer comment un mot emprunté à une autre langue s’adapte à un contexte nouveau et étranger peut éclairer le mot en soi, mais également l’ensemble du système. Si la langue peut être expliquée par la science, alors toutes ses formes doivent être liées à un modèle de base, qui ressemblerait à un principe, une rime et une raison afin de rien égarer dans la traduction.

Mais personne n’a dit que ça allait être chose facile. Le nombre de paramètres à prendre en compte pour construire des phrases littéraires et des structures à plusieurs phrases sont tellement difficiles que la réélaboration de la même signification dans une autre langue s’avère une tâche délicate, peu importe la préparation culturelle dont on dispose. Se familiariser avec les principes universaux qui gouvernent tous les phénomènes linguistiques peuvent aider à analyser l’essence même d’un texte, sa signification.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *