Suite à notre article rédigé sur le métier d’interprète, nous avons décidé de nous pencher sur la condition de l’interprète au sein d’un conflit.

Il y a quelques semaines de cela, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont décidé d’accueillir des interprètes réfugiés ayant travaillé pour les armées des pays respectifs lors de la guerre en Afghanistan. Par exemple, le Royaume-Uni a décidé d’octroyer un visa de 5 ans à 600 interprètes (ayant servi le pays pendant au moins 1 an) ainsi qu’à leurs familles. Au terme de ce délai, les interprètes afghans seront en droit de présenter une demande de résidence permanente. Pour les autres interprètes, ceux qui sont encore contraints de rester dans le pays, le Royaume-Uni leur versera l’équivalent de 18 mois de salaire et 5 ans de salaire pour tous ceux qui s’engagent dans une formation ou poursuivent des études. Sont exclus de cette aide financière les personnes n’ayant pas directement travaillé sur le front ou s’étant arrêté de travailler avant le 1er janvier 2013.

               Au cours des derniers mois, de nombreux Afghans ont adressé des demandes d’asile vers les pays de la Coalition car dans leur pays, ils sont considérés comme des traîtres et n’ont donc plus de travail. Cela va même plus loin, certains d’entre eux sont menacés de mort et doivent restés cachés.

En juin 2013, la presse britannique a relaté une histoire particulièrement triste concernant l’interprète Baryalai Shams, plus connu dans les médias sous le nom de « Barri ». Il avait fourni des services d’interprétariat en Afghanistan auprès de l’armée britannique : afin de protéger les siens, il a décidé au bout de huit mois de mettre un terme à sa mission. Malheureusement, quelques semaines plus tard, sa famille a été exécutée par les Talibans, il a ensuite fuit le pays mais fut arrêté à Munich en Allemagne et enfermé dans un centre pour immigrés clandestins à cause de faux-papiers.

Se pose donc la question de la sécurité des interprètes lors d’un conflit. C’est ainsi que les États-Unis ont mis au point un nouveau système de traduction, le dispositif LingoLink dans le cadre du programme Boundless Operational Language Translation. Celui-ci permettra aux militaires d’appeler une base de données d’interprètes situés au sein de la zone des opérations mais dans une zone sécurisée afin de les protéger des tirs.

L’expression italienne « Traduire, c’est trahir » semble tout à fait appropriée dans un contexte de guerre.

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