Traduire, c’est transposer un concept, un message, une idée symbolique dans une autre langue. Il est donc important de connaître les procédés mis en place par les nombreuses cultures pour exprimer des vérités générales. Ce mois-ci, nous vous proposons un article sur la traduction des proverbes et des structures idiomatiques et sur l’importance de confier cet exercice à des traducteurs de langue maternelle.

Les proverbes et structures idiomatiques appartiennent à ce que l’on appelle des « structures figées », c’est-à-dire des structures bien formées qui dépendent en grande partie de la culture du pays en question et de critères métalinguistiques.

Dans quelles situations les retrouve-t-on ? Ces structures langagières sont notamment présentes dans la littérature, la poésie en raison de leur fonction métaphorique qui donne un style plus imagé à l’idée exprimée par le narrateur. Mais ce n’est pas tout, on les retrouve également dans la publicité pour avoir un effet plus important sur le public, sur le marché qu’une entreprise souhaite conquérir : brochures, catalogues de présentations de produits, slogans…

Cet exercice de transposition d’une langue à une autre n’est pas une mince affaire et requière des compétences que seul un traducteur de langue maternelle est à même de posséder.

La première qualité indispensable est sans aucun doute la connaissance approfondie de la langue source afin d’identifier le proverbe ou l’expression idiomatique. Cette étape est essentielle pour éviter de traduire littéralement, c’est-à-dire de traduire mot à mot. Prenons un exemple : pour traduire l’expression « a friend in need is a friend indeed », si le traducteur n’est pas conscient du message qui se cache derrière cette expression, le résultat risque d’aboutir à une phrase s’apparentant à « un ami dans le besoin est un véritable ami » ; or, ce n’est pas ce que veut dire l’expression anglaise. En effet, l’équivalent français est « c’est dans le besoin que l’on reconnaît ses vrais amis ».

Une fois le problème identifié, la personne réalisant le travail de traduction doit être à même d’identifier le concept transmis afin de savoir quel est l’équivalent utilisé dans la langue cible. Prenons par exemple, la notion de « jamais », de quelque chose qui n’existe pas : alors que l’anglais exprime cette idée avec l’expression « when the moon turns green cheese », la langue française utilise un concept temporel « dans la semaine de quatre jeudis ».

Voici ci-après quelques exemples de proverbes et de structures idiomatiques françaises et italiennes qui mettent clairement en évidence la différence d’expression en ce qui concerne le message à transmettre :

  • Pour traduire le fait d’avoir déjà beaucoup vécu :

En voir des vertes et des pas mûres (FR) – > vederne di cotte e di crude (IT)

  • Pour traduire le fait de raconter des mensonges :

Raconter des salades (FR) -> raccontare frottole (IT)

  • Pour traduire le fait d’être particulièrement méticuleux

Chercher la petite bête (FR) -> cercare il pelo nell’uovo (IT)

On comprend donc bien que ce « passage » nécessite une connaissance approfondie de la langue cible que seule une personne de langue maternelle est à même de fournir car celle-ci a depuis toujours été en contact avec ses expressions et sera donc plus à même de restituer le message.

En ce qui concerne les proverbes, ces derniers ont souvent recours à des expressions imagées pour transmettre des généralités universelles : le concept est bel et bien présent dans plusieurs pays, mais la forme, la manière dont est exprimée cette idée varie en fonction des pays. En effet, à chaque culture est associée une vision du monde différente. Par exemple, pour l’expression française « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt le matin », le locuteur anglais utilise l’image de l’oiseau qui va chercher à manger tôt le matin avec l’expression « the early bird catches the worm » ou encore l’expression « casser sa pipe » (mourir) qui se traduit en anglais par « kick the bucket » (renverser le seau). On se rend bien compte que pour un même concept, les civilisations ont leur propre manière de l’exprimer.

Quant aux structures idiomatiques, il s’agit d’expressions propres à une langue et utilisées dans la vie de tous les jours, elles-aussi sont fonction de la culture. La colère fait notamment l’objet d’expressions différentes selon que l’on se trouve en Italie ou de l’autre côté des Alpes ; en effet, dans le premier cas, ce sentiment est exprimé par la couleur noire (« essere nero di rabbia »), tandis qu’en France, la couleur adoptée est le rouge (« être rouge de colère »).

Il nous faut vous signaler un autre exemple qui illustre bien le fait que les structures idiomatiques sont le fruit de la culture d’un pays, de son histoire. L’expression « filer à l’anglaise » qui renvoie à un comportement malpoli, celui de s’en aller discrètement, sans se faire remarquer, est traduite par nos amis anglais par « take the French leave ». Il nous semble donc évident que l’origine de cette expression est à attribuer à la rivalité franco-britannique, chacune des deux nations s’attribuant le défaut en question. Par ailleurs, rappelons que pour le linguiste Gaston Auguste Esnault, l’« Anglais » était le nom donné aux latrines des conscrits à Saint-Cyr et fut probablement à l’origine d’une autre expression : « pisser à l’anglaise » utilisée pour désigner un besoin urgent de s’en aller.

Malgré les évolutions continues de la langue, certains proverbes ou expressions idiomatiques perdurent dans le temps : la population continue à utiliser des expressions contenant des termes dont la signification s’avère être révolue. C’est notamment le cas de l’expression « tomber dans les pommes » dont la première utilisation remonterait au 19ème siècle ; pour expliquer son origine, les linguistes associent le terme de « pomme » au terme de « pâme » utilisé au XVème siècle dans l’expression « tomber en pâmoison » en tant que synonyme du verbe « s’évanouir ». Mais une autre hypothèse qui semblerait plus valide consiste à rapprocher la locution « tomber dans les pommes » avec l’expression « être dans les pommes cuites » qu’écrivit Georges Sand pour décrire son état de fatigue.

Sur le thème des proverbes et expressions idiomatiques, nous vous conseillons de lire et de visionner l’interview de Bernard Cerquiglini donnée à la chaîne de télévision TV5.

Pour une traduction de qualité reprenant les expressions typiques de la ou des langues qui vous intéressent, n’hésitez pas à faire appel à nos traducteurs de langue maternelle !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *