Il ne faut jamais se fier aux apparences, qu’elles soient positives ou négatives. Il s’agit de la même chose en linguistique et interculturel. Dire que l’espagnol et le français se ressemblent comme deux gouttes d’eau et qu’il est donc facile de traduire ces deux langues est une grossière erreur. En effet, la proximité entre deux langues est bien souvent source d’incompréhensions profondes. La preuve dans cet article…

En 2010, c’est une traduction en anglais du Premier ministre français, François Fillon, en déplacement au Canada qui a eu l’effet d’une bombe.

Ce dernier s’était réjoui de la « parité entre l’euro et le dollar ». Ses déclarations ont été reprises par la presse anglophone avec la traduction littérale « parity ». Ah ! si seulement ces journalistes avaient consulté la définition du mot parité qui signifie « taux de change d’une monnaie par une autre » et non pas égalité entre les deux devises comme c’est le cas en anglais.

Attention donc aux faux-amis nous arrivant d’Outre-Manche ! Pour ne citer que quelques exemples, nous pouvons évoquer le problème de l’adverbe actually qui signifie « en réalité » et non pas actuellement ou encore eventually qui sert à clôturer un discours et non pas à parler d’une éventualité. L’adjectif « digital » en français se rapporte à tout ce qui a trait aux doigts et qui, à tort, a envahi le monde de la presse. L’Académie française s’est exprimée en faveur de l’utilisation de « numérique » pour remplacer le terme anglicisé.

La promotion de produits à l’étranger passe bien évidemment par la traduction de slogans publicitaires. Voici un exemple qui risque d’en surprendre plus d’un : le fabricant de stylos, la Parker Pen Company, avait conçu cette formule d’accroche : « It won’t leak in your pocket and embarass you » qui a été traduite pour le marché mexicain par la phrase : « No goteará en tu bosillo dejándote embarazado » ou (Il ne fuira pas dans votre poche vous laissant enceinte). Et oui surprise, l’adjectif espagnol « embarazado » s’emploie pour la grossesse et non pas pour caractériser une situation embarrassante. À retenir également, l’asistenta qui est une femme de ménage et le paisano, un civil. Si vous entendez un hispanophone prononcer le mot débil, gardez votre calme, votre interlocuteur n’est pas grossier, le terme en question se rapportant à quelque chose de faible.

Enfin, passons en revue quelques-uns des nombreux faux-amis que l’on retrouve entre le français et l’italien. Il est conseillé d’être très prudent dans l’articulation d’un discours ; en effet, in principio devra être utilisé pour commencer une explication et non pas pour traduire « en principe », pertanto signifie « par conséquent » et non pas « pourtant » comme cela peut sembler le cas. L’adverbe finalmente correspond à notre « enfin » pour indiquer « en dernier lieu » ; « finalement » indique que le locuteur a pris un certain temps de réflexion, ce n’est pas nécessairement quelque chose d’attendu. Une autre ressemblance frappante : comment traduiriez-vous l’adverbe assai ? La plupart d’entre vous répondront sûrement « assez ». Et pourtant, j’ai le regret de vous annoncer que votre réponse est incorrecte. En effet, assai signifie « beaucoup ».

Pour finir, petite leçon culinaire, le bignè italien est un chou à la crème alors que le « beignet » se traduit par ciambella.

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