Si je vous dis que l’ingrédient appelé en italien mostarda n’accompagne ni les viandes ni les sauces de salade, mais plutôt les fromages, que me répondez-vous? Vous serez probablement surpris, pensant que la mostarda ne peut être autre chose que l’équivalent de notre moutarde. Eh bien je vous dis que nenni! La mostarda est une garniture à base de fruits confits et typique du nord de l’Italie. Impressionnant, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas la seule surprise que l’on rencontre lorsque l’on passe de l’italien au français et vice-versa : caramella par exemple n’est pas un caramel, mais un bonbon ; un baffo n’a rien de violent (comme pourrait l’être une baffe sur la figure), il s’agit d’une moustache, et si vous entendez le mot morbido, ne vous y méprenez pas, on ne vous parle pas d’une bizarrerie anormale, mais de quelque chose de souple. Tous ces faux-amis qui sont de véritables pièges lors de la traduction nous ont amené à réfléchir sur la proximité de ces deux langues ; comment se sont produits ces échanges linguistiques et culturels ? Quels sont les épisodes de l’Histoire qui ont favorisé de tels contacts ? Toutes les réponses dans cet article !

               Le français et l’italien sont deux langues issues du latin, un idiome écrit dont la graphie était bien établie ; ainsi les ressemblances sautent aussi bien aux yeux qu’aux oreilles. La plupart des linguistes s’accordent pour dater les premiers échanges linguistiques entre ces deux pays au Moyen-âge, à l’époque des troubadours, ces poètes qui s’exprimaient dans la langue d’oc. Ce rayonnement est à l’origine des premiers emprunts de l’italien au français, comme le verbe mangiare de l’ancien français mangier. Vinrent ensuite les campagnes d’Italie de Charles VIII qui, quoique peu efficaces, s’accompagnèrent de nombreux emprunts dans le domaine militaire comme avanguardia et marciare qui sont d’origine française. Mais les rôles vont bientôt s’inverser et c’est l’italien qui s’invite à la Cour française, à partir du 17e siècle et du mariage entre Henri IV et Catherine de Médicis. En effet, cette nouvelle union ainsi que la présence d’un cardinal italien, Mazarin, introduisit cette langue dans les principaux milieux de la société de l’époque : politique, diplomatie, économie et religion fréquentées par les nombreux Italiens de la Cour. Toujours à cette époque, on assista à une véritable fascination pour la littérature italienne, on se souvient notamment de Ronsard qui traduisit les poèmes de Pétrarque, une tendance qui fut « gentiment » critiquée en 1578 par Henri Estienne qui ridiculisa les adeptes du « françois italianizé ». Mais c’est véritablement au 17e siècle, avec l’arrivée du Roi Soleil au pouvoir, que le français aura une influence plus marquée sur l’italien et, ce dans différents domaines comme les arts, la cuisine, mais également l’hygiène, comme nous l’avions indiqué dans notre précédent article. Saviez-vous que le mot italien toilette a précisément été emprunté à l’époque de Louis XIV ? Mais chose encore plus surprenante : ce terme qui, en français s’utilise au pluriel (« aller aux toilettes »), devient féminin singulier, lorsque transposé en italien. Les mouvements révolutionnaires qui virent le jour en France ont comporté l’exportation, en Italie, de termes comme rivoluzionario et giacobino. Toujours au 18e siècle, Napoléon et ses campagnes d’Italie eurent un impact sur l’organisation administrative de la Péninsule, c’est ainsi que de nouveaux termes furent introduit dans le langage de la burocratie : burocratico ou encore timbro qui, lui aussi, a subi une transformation de sens. En français, le timbre est la vignette qui sert à affranchir le courrier, et côté italien ? C’est l’équivalent du tampon que l’on appose en guise de cachet !

On se rend donc bien compte que l’italien et le français sont deux langues très proches, aussi bien au niveau de la graphie que de la prononciation, mais cela ne facilite pas le travail de traduction, bien au contraire ! Comme nous avons pu le constater, bon nombre d’emprunts d’une langue à une autre ne conservent pas le même sens et attribue un signifié différent de celui utilisé dans la langue d’origine. Attention donc à ne pas tomber dans le piège des faux-amis et demandez l’aide d’un bon traducteur !

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