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Cette semaine, nous vous proposons un article rédigé par l’une de nos traductrices anglaises : elle nous fait partager son expérience dans l’industrie de la traduction et nous livre un point de vue intéressant sur le rôle des Chefs de Projets.

J’ai décidé de me lancer dans la profession de traductrice freelance après avoir acquis une solide expérience en tant que traductrice technique, expérience commencée sous le regard d’un superviseur, me révisant, corrigeant, m’encourageant, parfois de manière un peu brusque, mais de manière toujours enrichissante.

Comme en témoigne mon âge, l’arrivée d’Internet a été une véritable bouffée d’oxygène apportant de nombreuses opportunités au monde de la traduction, permettant également d’entrer en contact direct avec les clients.

Passer d’un contact direct avec les clients et de l’utilisation de dictionnaires spécialisés à l’utilisation de la toile comme outil de recherché a été renversant. Le principal défi consistait à trouver les sujets spécialisés en surfant sur les vagues de la toile et à  apprendre à différencier un texte authentique et fiable d’un document source médiocre ou d’un travail d’amateur. Je dois toutefois admettre que mon enthousiasme et ma curiosité à l’égard des nouvelles technologies a été d’une grande aide dans ce processus d’apprentissage, tout comme l’émergence des logiciels de mémoires de traduction, une autre évolution spectaculaire constituant un véritable atout pour les traducteurs et les agences de traduction. J’ai décidé que ces changements allaient devenir des cordes supplémentaires à mon arc pour assurer mon évolution professionnelle et pour me tenir au courant des événements se produisant dans le reste du monde.
En prenant du recul, j’ai vite compris que ces nouvelles facettes de la profession de traducteur étaient plutôt faciles à assimiler, surtout lorsqu’on les compare avec toutes les autres compétences que j’ai eues à développer à mes débuts en tant que traductrice freelance. Je pensais naïvement que ce changement allait être facile et qu’il se déroulerait tout en douceur : il s’agissait pour moi d’un simple déménagement, mais j’avais tout faux. À moins de vouloir travailler pour un seul client (ce qui aurait très certainement fait stagner ma carrière), il me fallait acquérir un grand nombre de compétences en matière de résolution de problèmes et en ce qui concerne la gestion du temps, le relationnel, la comptabilité, l’élaboration de stratégies promotionnelles et marketing et les nouvelles technologies.

Et nous voilà arrivés au cœur du sujet principal de notre billet. La toile regorge de blogs, forums, discussions dressant la liste des pours et des contres de la traduction exercée en freelance et celle exercée au sein d’une entreprise. Les pours les plus fréquemment trouvés en faveur du traducteur freelance sont les suivants : flexibilité, choix, spécialisation, gain financier. Cependant, on oublie souvent de mentionner qu’un traducteur freelance doit consacrer de nombreuses heures à des travaux autres que la traduction, pour juste survivre dans ce secteur. Ces derniers ne doivent pas être pris à la légère et ne sont malheureusement guère appréciées dans mon cas.

Personnellement, j’estime que le rôle du  Chef de Projets est souvent négligé et mériterait un peu plus d’attention. Être en possession d’un Smartphone organiseur et de feuilles de calcul Excel enregistrant son travail n’est pas suffisant. Lorsque l’on dresse la liste des pours et des contres, le rôle de « l’intermédiaire », à savoir du Chef de Projets, peut véritablement faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre. Outre la gestion effective de son entreprise, un traducteur doit nécessairement se réserver du temps pour contacter ses clients et communiquer avec eux.

Lorsque j’ai commencé à travailler en tant que traductrice interne, c’était au traducteur de contacter directement le client pour éclaircir certains aspects de la traduction. Dans la plupart des cas, cette solution constituait la panacée en ce qu’elle fonctionnait des deux côtés : en effet, le traducteur obtenait des précisions sur la terminologie, la syntaxe… alors que le client pouvait se rendre compte de l’investissement et du professionnalisme dont le traducteur faisait preuve pour fournir une traduction de qualité. L’arrivée de nouvelles technologies allait rapidement diminuer cette prise de contact directe entre le client et le traducteur ; de même, les mémoires de traduction, les déménagements de traducteurs freelances souhaitant exercer en télétravail, la gestion centralisée de clients au moyen d’agences de traduction allaient donner une plus grande importance aux « intermédiaires », ces fameux Chefs de Projets.

Qu’est-ce qu’un Chef de Projets idéal dans le secteur de la traduction? De nombreuses personnes insistent sur le fait que les Chefs de Projets devraient avant toute chose être des traducteurs puis des Chefs de Projets, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Le Chef de Projets doit être en possession de compétences de haut niveau : polyvalence, communication, adoption de solutions sur mesure aux problèmes quotidiens, présentation de perspectives favorables aux clients. Ainsi, les chefs de projets doivent être dotés d’un sens du contact, d’une vision centrée sur le client, d’une excellente gestion du temps, qualités qui doivent être associées à une connaissance approfondie de l’ensemble du processus de traduction et à une flexibilité dans le traitement de chaque commande. Le Chef de Projets est un intervenant pivot qui pèse d’une part les besoins du client et d’autre part la disponibilité des traducteurs en poursuivant toujours le même objectif : livrer un travail de qualité dans des délais appropriés tant pour le client que pour l’agence de traduction. Le Chef de Projets épargne cette charge aux traducteurs et intègre une valeur ajoutée à leur travail, générant un sentiment d’implication au sein de l’équipe. Il ne s’agit pas de déléguer certaines compétences mais plutôt de se partager les missions quotidiennes qu’impliquent le processus de traduction en permettant aux traducteurs de se concentrer pleinement sur ce qu’ils savent faire de mieux : traduire. S’il m’était demandé de choisir, j’opterai toujours pour ce système.

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